Trois chansons
Première chanson faisons tomber
Les lumières, les codes du spectacle organisé
Vous et nous soyons mémorables
Pour que ce moment d'échange soit unique et abordable
Pourquoi pas artiste, sans se prendre pour la star
Faire un tour de piste, sans en être avare
Pas vivre en coulisses, un rider* à la main
Et jouer Narcisse face aux techniciens
Car les artistes n'ont, pas leur pareil, pour être superficiels.
Deuxième chanson, d'amour pourtant
Se fredonnant de son vivant et pas ciblée sur du gnan gnan
Des princes nonchalants, et des belles
Cassant le silence du bois dormant
Amour pour s'y perdre et faire prisonnière
La passion fragile, et se croire libre
Nourrir sa mémoire, d'une belle histoire
Se rappeler du pire, pour garder les rires
Sur que le doute n'a pas son pareil, pour nous tenir la chandelle
Troisième chanson, ça revendique, crachant sa haine dans un micro
Est-ce vraiment authentique de ne pas assumer ses mots ?
Si un message doit s’ébruiter, pourquoi pas le faire en chantant
Mais avec de l'humilité, sans se prétendre militant
Et broyer du noir, sans en faire le tour
S'embrumer la tête, jusqu'au petit jour
Refaire le monde, pas son lendemain
Et voir un nombril, pousser dans ses mains
Le pessimisme n'a pas son pareil, pour nous construire des chaînes
Les pantins
Toi qui écoutes les murmures
Sortis de ma bouche séchée et prisonnière d'une armure
Toi qui entends nos chansons
Quand je te vois depuis la scène, chante en moi une libération
Le doute est le revers du saltimbanque
Sa plume écrit des misères, c'est pas sous la douche qu'il les chante
La case du marginal aura bon dos
Quand jacassent les bien-pensants, qui donnent pas cher de ses os
Si on s'prend des coups d'manivelle
On fera foi de nos querelles
L’adrénaline d'une liesse, l’excitation quand vient l'ivresse
Une perfusion au goutte à goutte de la rencontre de nos routes
Au bout des lèvres avoir le verbe, chanter la rage et les chimères
Et la descente se pointe enfin, quand on se prend de bon matin
ref
Le revers, le côté face
Réduit à l'état de pantin, quand la vie fait son carnaval
Je prends ce revers et fais face
J'y donne vie à ce pantin, j'en fais partie d'ce carnaval
Toi qui écoutes cette rengaine
Les yeux peuvent être mouillés par la joie de chanter un frère
Lui qui palabrait en chanson
Cabosse est sortit d'sa prison, en fuite est l'imagination
Et tel est le revers du saltimbanque
Se sentir seul sur le trottoir mais toujours haranguer l'espoir
Pour souvenir, la tête des badauds
Quand on leur contait nos histoires, ils donnaient pas cher de nos os
Si on se prenait des manivelles
On faisait foi de nos querelles
Trouver le meilleur dans le pire, l’écho percutant de nos rires
Tracer quand même le sillon, sans pouvoir répondre aux questions
Voir cette silhouette se dessiner, dans les fumées de nos troquets
Et la descente se pointe enfin, quand on se prend de bon matin
ref
Où je mets la haine
Crache la boule de pression, qui remonte du ventre
Enflamme toute la gorge et vient taper les tempes
Des manifs encadrées, surveillées au taser
Lacrymos pacifistes et des civils casseurs
Quand les bouches questionnent, des idées et des vœux
La réponse République, crève l'écran et les yeux
Des rires dégoulinants, maquillent les puissants
De voir se fracasser entre eux les petites gens
ref
Alors dis-moi, qu'est-ce qu'on fait de la haine
Où mettre la souffrance, avant qu'elle ne gangrène
Alors dis-moi qu'est-ce qu'on en fait
Qu'est-ce qu'on fait de la haine, où mettre la souffrance
Avant qu'elle ne gangrène et devienne violence
Où je la mets ma haine, ignorer sa présence
La dénigrer sans cesse, attise ma violence
Stress sur le climat ambiant, visages qui palissent
Pas besoin de gilet, pour choper la jaunisse
A la survie dorée, des grands de la planète
Les contrats sont actés et signés dans un jet
Des crapauds venimeux, aux discours populistes
Servent un plateau télé, de débats moralistes
Avec pour règle d'or, faire briller son nombril
Vomir ce que l'on pense sans trop penser ce qu'on dit
ref
Les chiens de la casse
Des crocs jaunâtres qui luisent à la lueur d’un phare de voiture.
Moteur au loin, l’angle lumineux se déplace
Et éclaire l’espace d’un instant un regard vert.
Œil droit fendu, fermé par une cicatrice,
Œil gauche précis, sauvage et fier.
Eux, leur décor, c’est la ferraille, les flaques d’huile, la rouille et la faim.
Ça s’est nourri dans les poubelles et ça a mordu quelques mains.
Ça vit en meute, ça aboie fort, ça sait sentir un être humain.
Ça peut voir venir la violence, ça sait écouter ses instincts.
Les blessures mal cicatrisées, les plaies qui suppurent les sales coups
D’la vie canine et des années à survivre entre chien et loup.
Clou planté dans les coussinets, la patte cassée, l’abcès au cœur,
La crête toujours bien hérissée, ça grogne encore pour vous montrer
Qu’ça s’remet d’tout, les chiens d’la casse
Et qu’ça s’en pourlèche les babines de votre dégoût.
Rien qu’à voir débarquer la horde, les sourires figés tremblent un peu.
Ça va pas respecter les ordres et ça va pas remuer la queue
Pour une caresse, un compliment, une adresse, un enfermement.
Ça s’en claque des maîtres et des castes les chiens d’la casse
Y’a l’goût du sang sous les papilles mais y’a pas le vice de l’argent.
Ça sait se montrer généreux, ça sait se montrer tolérant.
Ça peut même construire une famille, et ça sait aimer ses enfants
En se targuant d’terroriser les bien-pensants.
Les chiens d’la casse, ça s’remet d’tout,
Rage aux lèvres et les crocs bien plantés dans les cous.
Les chiens d’la casse, les chiens, …....
Elle, elle regarde de haut les chiens de chasse, elle parade devant leur chenil
Peut-être juste pour le plaisir d’les voir hurler derrière les grilles
De leur existence si servile. Lui, il est parti en maraude.
Il a connu les secrets des terrains vagues et des forêts, des torrents glacés
Et des pistes aux arômes cachés; les délices des saillies suaves et sauvages
Dans l’aristocratique parc d’une samoyède au blanc pelage.
Roulés en boule sur une banquette, ça guette la mort à la sauvette;
Parce que s’il faut montrer les dents, défendre des amis, des enfants,
Ça f’ra d’la barbaque pour longtemps aux chiens d’la casse.
Conscients qu’c’est l’prix à payer pour leur liberté.
Les chiens d’la casse, ça s’remet d’tout
Et ça s’en pourlèche les babines des « garde à vous ».
Respirer
La beauté du levant, la clarté des angoisses
L'ivresse de la nuit blanche, un sommeil à la casse
La puissance des vagues, l'océan pour poubelle
Le calme d'une mer d'huile, de l'eau dans des bouteilles
Bien s'ancrer à la terre, déchirer sa surface
Vivre avec les ressources, en être la menace
Provoquer son chemin, s'en remettre à son sort
Faire une ode à la vie, ne conter que sa mort
La force de le vivre, en gardant l'équilibre, la force
Un visage expressif, les automates masqués
L'émotion dans la voix et les cris étouffés
L’œil de la bienveillance, les langues hypocrites
Le langage du corps, les semblants parasites
Te donner un sourire, t'envoyer un smiley
Te le dire dans les yeux, cliquer et commenter
Échanger des idées, dicter des idéaux
Débattre du vivant, parler de météo
La force de le vivre, en gardant l'équilibre, la force
ref
Ne regarde pas, que le côté clair, il faut un nuage, pour fixer le soleil
Ne regarde pas, que le côté sombre, il faut une lune, pour distinguer les ombres
Laisse toi respirer, l'unique bouffée d'air, d'un ami à tes côtés
Laisse toi respirer, respirer, respirer, respirer
La chaleur dans le ventre, une boule dans la gorge
L'amour qui vole vole, la cage que l'on forge
Le piment d'une histoire, l'aigreur de l'habitude
Retrouver son soi-même, gerber sa solitude
La force de le vivre, en gardant l'équilibre, la force
Le sens du collectif, l'individualité
L'entraide, les réseaux, les esclaves du marché
Des peaux multicolores, la peste bleu blanc rouge
Les enfants de la paix, l'avenir noir et rouge
La croyance aux étoiles, les sermons religieux
L’humain pour espérance, les mensonges des cieux
Des toujours pour toujours, des au revoir à jamais
Du beau encore du beau, viendra le vent mauvais
La force de le vivre, en gardant l'équilibre, la force
ref
Sourire
C'est vraiment la cour des miracles, quand tu vois nos gueules aujourd'hui
On se donne de la contenance en surjouant l'air de celui
De celui qu'aurait vu l'oracle, paraître plus épanoui
Devant toute la sainte assistance qui aime à se masquer aussi
Il suffit d'étirer les lèvres, en musclant les zygomatiques
Pour que nos faces d'atmosphère prennent une couleur authentique
Alors tu sentiras la fièvre, temps suspendu par le déclic
De celui qui reçoit l'éther de ces effluves bénéfiques
ref
Et un sourire aussi car des fois on est beau
Même si bien souvent on se trouve de trop
Celui qui dans la tête a semé une graine
Et un sourire aussi pour se remplir soi-même
La neige l'orage et les tempêtes, la mer qui se confond au ciel
La montagne qui se plonge en elle, et les insectes qui en rient
Crois bien que ça en vaut la peine, d'y donner un sourire aussi
Deux regards se croisent et s'accrochent, des phéromones qui explosent
Le glapissement d'une langue, le corps ondule et se raidit
Crois bien que ça en vaut la peine, d'y donner un sourire aussi
ref
Et un sourire aussi car des fois on est beau
Même si bien souvent on se trouve de trop
Celui qui dans la tête a semé une graine
Et un sourire aussi pour se remplir soi-même
Des sourires au lecteur, un sourire à l'étrange
Rire de son récit, rire de ce qui dérange
Sourire à tout ce qui pousse, sourire au jardinier
Sourire à l'ignorant et à tous les paumés
Sourire à toi manard, sourire à nos anciens
Même si je souris pas, je souris à ton chien
Sourire devant le monde, sourire à sa façon
Sourire car il s’effondre, à la reconstruction
L'escargot
Oserai-je être fou, vraiment arrivé où ? jusqu'ici
Bien seul sur la comète, et bien loin d'la planète, jusqu'ici
Des violons des cymbales, scintillant mon étoile
Jusqu'ici il n'y a rien, peut-être que demain ?
Ref
Je soufflerai dedans, elle qui prend si bien l'vent
Cette voile de liberté, la sagesse est au large
Sur des routes d'ailleurs, ronronne mon moteur
Je vole les grandes surfaces qui gâchent mon paysage
Et j'écris et je chante que ça vive que ça crache
Je fais couler de l'encre comme coulerai mon sang
Et je cris et je chante, valsent mes tripes, crache des temps
Coule mon sang ancré à des rêves d'enfants
Arganier d'Agadir, faire un détour de Pise, c'est ailleurs
Le houblon de Dunkerque, rouge est ma gorge sèche, c'est ailleurs
Asiatique et Tokyo, un massage du dos, en douceur
Les indiens sans le bec, il est froid le Québec, c'est un leurre
Si grondent les guitares, sitars et sont les fables
Si ici il n'y a rien, je reprends le chemin
Ref
Et toi annonçant l'amer, toi tu es arrivé
Tes hublots vert bouteille et ta peau lisse, bien écaillée
Mettant mon cœur en cage ne battant que pour son geôlier
Je m'en vais voir Gino qu'un oiseau me soit réservé
Mon corps rendu malade par ta chair et tes os
On me suit à la glaire comme pour un escargot
Petits pas
Nous sommes partis pour voyager, Nous sommes partis pour voyager
De petits pas en petits pas et qu’importe le temps, et qu’importe le temps.
De petits pas en petits pas et qu’importe le temps, et qu’importe le temps.
De petits pas en petits pas et qu’importent le temps et les tracas.
De petits pas en petits pas et qu’importent le temps et les tracas.
Avec nos maisons sur le dos, avec nos maisons sur le dos.
Et des souvenirs plein la caboche et qu’importe le temps et qu’importe le temps
Et des souvenirs plein la caboche et qu’importe le temps et qu’importe le temps
Et des souvenirs plein la caboche et qu’importe le temps et ça va.
Et des souvenirs plein la caboche et qu’importe le temps et ça va.
Y’a d’la colère dans nos besaces, y’a d’la colère dans nos besaces
Et du soleil à nos chansons et qu’importe le temps et qu’importe le temps
Et du soleil à nos chansons et qu’importe le temps et qu’importe le temps
Et du soleil à nos chansons et qu’importent le temps et les tracas
Et du soleil à nos chansons et qu’importent le temps et les tracas
On en a croisé des cabots, on en a croisé des cabots
Utopistes aux têtes de pioche et qu’importe le temps et qu’importe le temps
Utopistes aux têtes de pioche et qu’importe le temps et qu’importe le temps
Utopistes aux têtes de pioche et qu’importe le temps et ça va.
Utopistes aux têtes de pioche et qu’importe le temps et ça va.
Qui font rien s'ils sont pas d’accord, Qui font rien s'ils sont pas d’accord.
Qui travaillent pas mais qui se bougent et qu’importe le temps et qu’importe le temps
Qui travaillent pas mais qui se bougent et qu’importe le temps et qu’importe le temps
Qui travaillent pas mais qui se bougent et qu’importent le temps et les tracas
Qui travaillent pas mais qui se bougent et qu’importent le temps et les tracas
Ça sent la yourte et la cabane, ça sent la yourte et la cabane
Les chapiteaux les caravanes et qu’importe le temps et qu’importe le temps.
De petits pas en petits pas et ça craint pas d’être hors la loi
De petits pas en petits pas et ça craint pas d’être hors la loi.
Aux enfants je n’ai qu’un conseil, aux enfants je n’ai qu’un conseil
Peut-être deux évidemment et qu’importe le temps et qu’importe le temps
Peut-être deux évidemment et qu’importent le temps et les tracas.
Modèle le monde à ta façon, modèle le monde à ta façon
Sans trop te fier aux modèles et qu’importe le temps et qu’importe le temps.
Sans trop te fier aux modèles et qu’importe le temps et ça va.
N’oublie jamais ce dont tu rêves, N’oublie jamais ce dont tu rêves
Et n’oublie pas qu’on est que dalle et qu’importe le temps et qu’importe le temps.
De petits pas en petits pas on est d’passage et puis basta
De petits pas en petits pas on est d’passage et puis basta
Va te faire aimer
Chaque jour il s'arrache le cœur
Et le tend dans sa main, chaud et palpitant
Il n'en a que faire, son corps est froid,
Plus personne ne brûle pour lui dedans
Sa carne épaisse est une semelle de solitude,
Son sourire ride ses mots qui verdissent de certitude
Les peurs, les échecs, les excès, les caresses perdues
Autant de voiles qui cachent juste des sous-entendus
L'oubli d'espoir, les miroirs sans sortie de secours
Autant de voiles qui cachent juste un manque d'amour
Tu me fais brailler, va te faire aimer, va te faire aimer
Il s'arrache le tympan pour le tendre au murmure du néant
Les yeux dans un tube cathodique, la fumée n'a plus rien de magique
Et parfois ce sont ses mains qui rêvent de parler à sa tête
Les marionnettes ont fané, leur comédie est suspecte
Les peurs, les échecs, les excès, les caresses perdues
Autant de voiles qui cachent que des sous-entendus
L'oubli d'espoir, les miroirs sans sortie de secours
Autant de voiles qui cachent juste un manque d'amour
Tu me fais brailler, va te faire aimer, va te faire aimer
Les peurs, les échecs, les excès, les caresses perdues
L'oubli d'espoir et ses sous-entendus
Les peurs, les échecs, les caresses perdues
L'oubli d'espoir et ses sous-entendus
S'accrocher à l'envie de dégueuler le monde
Ne jamais la lâcher pour une seule seconde
Et des voiles et des voiles qui nous cachent son amour
Et des voiles et des voiles et des voiles
S'accrocher à l'envie de dégueuler le monde
Ne jamais la lâcher pour une seule seconde
Et des voiles et des voiles qui nous cachent son amour
Et des voiles et des voiles et des voiles
Carte postale
Si tu m'voyais là-bas
T’en fais pas pour moi tout va bien, là-bas
Le soleil brille pas mal et j'me dore la pilule,
J’ai même une baie vitrée sur la mer
Si tu voyais les potes qu’j’me suis faits, si tu savais les gens qu’j’ai r’trouvés
D’ailleurs y en a deux trois qui t’embrassent au passage,
J’suis sûr qu’tu serais heureux pour moi
Tous les paysages qu’on a rêvés gamin, les châteaux, les forêts, les déserts
Ben j’y campe à la belle en r’gardant les étoiles, putain si tu voyais comme c’est beau
Tu sais j’arrive pas à r’gretter, d’avoir embarqué sur c’bateau,
Toi qui m’disais qu’pirate, j’en avais qu’la dégaine,
Sur mon pont l’vent l’dos, j’me sens fier,
Terminé les galères.
Le quotidien d’chez nous, j’ai jamais su m’y faire,
C’est pour ça qu’jsuis parti sur les mers
Chevaucher des dragons, effleurer des chimères,
Sentir la magie couler dans mes mains.
C’que c’est bon d’tenir enfin les rênes d’sa chienne de vie
Une épée à la main, des amis.
Et traverser les villes sous les vivats des foules.
Ça y est j’suis un héros, ouais j’sais tu m’l’avais dit.
Si tu m'voyais là-bas
T’en fais pas pour moi tout va bien, là-bas
Le soleil brille pas mal et j'me dore la pilule,
j’ai même une baie vitrée sur la mer.
Eh, je sais que j’te manque, et vous m’manquez aussi,
Mais regarde, c’est pour ça que jt’écris
Quand tu verras not’mère, dis-lui comme elle est belle
Si t’es triste, trinques un rhum à la mienne.
Embrasse toute la famille, dis-leur qu’jsuis au soleil,
Que bien souvent j’pense à vous d’là-bas
Qu’si ils r’gardent une étoile, sûrement qu’on voit la même
Qu’le chagrin c’est comme la bière ça s’garde pas.
Et qu’vivre un peu d'ses rêves, ça en vaut bien la peine.
Qu’j’ai bien chaud, qu’j'suis heureux et qu’j'vous aime.
T’en fais pas pour moi tout va bien,
Là-bas dans ton imaginaire,
Le soleil brille pas mal et j'me dore la pilule,
J’ai même une baie vitrée sur la mer
J’ai même une baie vitrée sur la mer
L'odeur
J'vais pas t'mentir, y'a pas d'ghetto ni d'caravane
Nos vies sont douces le matin, même si parfois on s'mord le crâne
C'est pas un argument de s'dire qu'y'a pire ailleurs
Pas d'fatalisme de comptoir, on ne cache pas les odeurs
Sens la misère
J'vais pas faire l'clown ni faire le chanteur populaire
Montrer ma tronche sur les manifs, et faire ma pub sur chaque affaire
C'est ici qu'on veut que tu captes l’atmosphère
Tu veux débattre du climat, viens nous voir après le concert
Sens la misère
Des petites misères y en a des tas, plus d'une fois on crie au secours
Sur les relents de vies rances, parfum volatile de l'amour
T'auras beau te boucher le nez, faire de l'apnée tous les quarts d'heure
Tu ne pourras y échapper, tu seras imprégné par l'odeur
L'odeur du non sens, sens-la
L'odeur de liberté, prends-la
L'odeur de nos instances, sens-la
L'odeur de l'amitié, prends-la
L'odeur des morts-vivants, sens-la
L'odeur des océans, prends-la
L'odeur de la misère, sens-la
L'odeur que tu espères, prends-la
Affiche de l'âme
Ils sont beaux, ils nous émerveillent
Ces êtres que tu croises et qui te donnent l'envie
Ces amis qui te réveillent, qui te bousculent
Pour y croire qu'elle en vaut la peine la vie
J'en connais des rêveurs, des marins de canal
Qui soufflent eux-mêmes sur leur voile au gré du chant des goélands
Utopistes du réel, des soignants de la terre
Qui plantent les graines de demain dans la sagesse et du présent
J'en connais même des qui transpirent l'odeur du goudron
Tellement qu'ils arpentent la rue, leur chien pour seule direction
Des voyageurs sans chaîne, qui crèvent de liberté
Et tous ceux-là ont le cœur qui est prêt à s'afficher
ref
Affiche de l'âme, afficher sa gueule
Dans le poing des armes, une larme au coin de l’œil
Rester sur la paille, y déposer son cœur
Du feu vaille que vaille et que ça brûle
Puisque l'écriture est une arme levons nos plumes à sa santé
A la santé de tous les perdus, tous ces visionnaires déchus
Avec toi l'ami, ensemble on va rire et pleurer à en mourir
Ils sont beaux, ils nous émerveillent
Ils sont là depuis des années à nos côtés avec l'envie
Avec l'envie qu'on s'éveille, te faire rêver les yeux ouverts
Te donner un sourire aussi
Quand je les vois nourrir, leur soif d'égalité
Celle qui est bien loin des discours, celle qui dépasse la pensée
Je me dis qu'ça en vaut la peine sur scène de crier nos chansons
Avec les rimes du vivant et les vers de l'insoumission
Oui ça en vaut la peine de les chanter de les hurler
Et pour eux aussi j'ai le cœur qui est prêt à s'afficher
ref
Le pot fêlé
Chaque jour une vieille dame sillonne le même chemin
Suspendus à une perche qu'elle transporte sur son cou
Il y a deux pots d'eau assurant le lendemain
La ration nécessaire pour qu'elle boive à son goût
L'histoire de vie a fait qu'un des pots est fêlé
Il ne ramène qu'à moitié la précieuse ration d'eau
L'autre peau est intact et vante avec fierté
Que lui son contenant est rempli jusqu'en haut
Deux années ont passé, assoiffé de tristesse
Le pot fêlé honteux de ses imperfections
Près d'un ruisseau à la dame il s'adresse
J'ai honte vieille dame, ma fêlure laisse couler
L'eau au sol à chaque retour vers la maison
La vieille dame sourit
J'ai toujours su, lui dit-elle à propos de ta fêlure
J'ai semé des tonnes de graines de ton côté du chemin
Tu les as arrosées, c'est grâce à tes brisures
Que des fleurs décorent ma table et mon jardin
Je suis comme tous les hommes pleins de rêves qui par tonnes
Coulent tout au fond de moi, oui je le sens au fond de
Vous me voyez sur un trône mais je n'ai pas de couronne
Je suis l'handicapé, vous le voyez l'handicapé
Et quand se croisent nos routes vos yeux fuient et moi je doute
Pourtant les miens cherchent l'ivresse
D'un échange qui peut-être me fera mieux dormir
La vie pour moi n'est pas une chienne
Mon soleil brille quand même et réjouit mon avenir
ref
Je suis le pot fêlé mais loin d'être brisé
Ça fait peur à la foule je ne marche pas je roule
Si je fuis sur le parterre, des fleurs poussent derrière
Ça fait marrer la boule je ne marche pas je roule
Ça fait marrer la boule, ça fait marrer la boule, ça fait marrer la boule
Je ne marche pas je roule
Parfois quand je rentre dans un bar, étonnés sont les regards
Mais qu'est-ce-qu'il vient faire là, il est gênant ce fauteuil là
Voilà que le patron d'un sourire me convie à partir
Alors de mes yeux expressifs je lui décoche sale fasciste
Fatigué de cette société, sa loi, les budgets des foyers
Là-bas les valides ne sont que trois pour en lever vingt-cinq comme moi
Pourtant ma rage est rare et éphémère
Et quand je pense à vous, souvent elle se met à rugir
La vie pour vous est sûrement plus que blême
Des soleils noirs, des chrysanthèmes, vous n'êtes là que pour moisir
ref
Allez-y rigolez depuis peu j'ai trouvé un endroit
Un refuge oui c'est mon ermitage j'y renais chaque fois
En ces lieux il n'y a plus d'apparence
On s'envole tous ensemble pour danser
Et mes yeux entrevoient l'espérance
Qu'un beau jour c'putain de monde va enfin se fêler
ref